Il manque d'abord au film un scénario. Ce qui en tient lieu est un synopsis de quelques phrases : Arthur vit avec sa grand-mère en Nouvelle-Angleterre. On est en 1960, les parents du petit garçon, qui va avoir 10 ans, sont sortis de sa vie, et son grand-père, qui fut explorateur, a disparu. Alors qu'un méchant créancier va expulser sa mamie, Arthur trouve le moyen de rejoindre l'univers des Minimoys, créatures minuscules que son aïeul a ramenées d'Afrique. Là, il conquiert le coeur de la princesse des Minimoys, délivre le petit peuple de la menace maléfique qui pèse sur lui, retrouve son grand-père et un trésor qui sauvera sa grand-mère de l'expulsion.
Ce n'est pas vraiment révéler la fin que de raconter tout ça. Les enjeux sont énumérés au long d'un prologue en prises de vues réelles qui voudrait évoquer un éden américain comme les petits Français l'ont découvert, il y a un demi-siècle, dans les albums cartonnés qui montraient de grosses voitures et de jolies maisons qui sentaient la tarte aux pommes. Cette Amérique-là a été reconstituée sous les pommiers normands. Dans la version française du film, la grand-mère a les traits de Mia Farrow et la voix de Valérie Lemercier, dont les talents s'annulent sous le poids de situations et de répliques si convenues qu'il est impossible de leur donner vie.
Une fois Arthur passé de l'autre côté du miroir (en l'occurrence une lentille de télescope), les choses s'arrangent un peu. L'univers des Minimoys procède d'une généalogie encombrée qui va des marionnettes de Dark Crystal aux insectes numériques de Mille et une pattes en passant par les hobbits du Seigneur des anneaux. Ce syncrétisme enfantin permet aussi d'importer - au hasard de l'une des tribulations d'Arthur et de la princesse - un personnage de patron de boîte d'ascendance africaine (en français comme en anglais, les rappers Rohff et Snoop, artistes à l'impeccable crédibilité de rue lui prêtent leur voix,) qui ressemble étonnamment au Jar Jar Bink du premier épisode de La Guerre des étoiles.
Cet agrégat est animé avec assez de fluidité pour que cette partie centrale passe plus vite que le prologue et l'inévitable et heureuse conclusion. On sort du film en se posant deux questions : les enfants goberont-ils la friandise made in France ou préféreront-ils les originaux américains, dont ils sont de toute façon familiers ? Luc Besson va-t-il revenir à de meilleurs sentiments et faire ses adieux avec plus de panache ?
Film français de Luc Besson avec Mia Farrow, Freddie Highmore et les voix de Valérie Lemercier, Alain Bashung, Mylène Farmer. (1 h 35.)
Au Grand Rex jusqu'au 13 décembre, puis dans toute la France.
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