Elle incarne une mère et une épouse dans le premier film de Julie Gavras.
LA PREMIÈRE image détone un peu quand on a l'habitude de voir Julie Depardieu dans des rôles pittoresques ou franchement fantaisistes. En tailleur vert et chignon strict, elle se penche sur sa petite fille Anna pendant une noce. C'est le début de La Faute à Fidel et de l'aventure intérieure d'une enfant de 9 ans, qui vit entre Paris et Bordeaux en 1970 et va soudain découvrir la vie par le biais de la politique avec un oncle mort dans l'Espagne de Franco, un voyage au Chili ou le rêve du Cuba de Castro. Qu'est-ce que le choix et l'engagement des adultes quand on a l'âge de jouer à la poupée ? C'est l'une des questions posées par le premier film de Julie Gavras, produit par Sylvie Pialat. Une aventure que Julie Depardieu a partagée avec cette petite fille qui ressemble à tant d'autres.
D'égard aussi avec la jeune actrice Nina Kervel qui joue Anna. Julie Depardieu en parle avec une bienveillante attention en évitant cette mièvrerie facile et protectrice qui veut envelopper les enfants pour les juger sans les connaître. « Malgré les quinze ou dix-sept prises que l'on faisait, elle était toujours juste. Tendue mais vraie. Elle correspondait bien au rôle et l'a travaillé consciencieusement. J'aime tourner avec les enfants, ils vous interdisent de vous disperser, de blaguer parce qu'ils retiennent tout. Pour moi, ce sont de petites personnes en devenir. » Quant au devenir de Julie... sa passion depuis l'enfance l'orienterait plutôt vers l'opéra. « Je suis une musicienne ratée... Je ne laisse pas passer un concert. Mais, pour chanter, il me faudrait de la ténacité et dix ans devant moi ! » En attendant, elle continue de faire l'actrice. On la verra bientôt dans Un Secret, de Claude Miller, Les Témoins, de Téchiné, où elle joue justement une chanteuse d'opéra (en play-back), et Cow Boy, de Benoît Mariage, où elle est encore, après Podium, l'épouse de Benoît Poelvoorde. Un couple en crise au bord de la rupture. « Les rôles de copine qui aime et n'est pas aimée ou de fille seule, c'est ma spécialité ! » Autre emploi plus surprenant, celui qu'elle a aussi interprété pendant une semaine aux États-Unis : une Française avec un mauvais accent américain dans Rush Hour 3. Des films en cascade qui l'ont fait travailler jour et nuit pendant trois mois. Et depuis ? Elle a pris des vacances, lu des scénarios, écouté de la musique et regarder mourir les tomates de son jardin. De toute façon, elle est philosophe : « Je n'ai aucun plan de carrière ! Le jour où on en aura marre de moi, ce sera fini. Dans ce métier, on existe dans l'oeil de l'autre. Moi, je me vois mal.
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