12.01.2006

Luc Besson voit au-delà des "Minimoys"

Pour la sortie de son dernier long métrage, Arthur et les Minimoys, Luc Besson n'a pas lésiné sur les moyens. Le film d'animation sort à Paris mercredi 29 novembre, au Grand Rex, avant d'être distribué quinze jours plus tard dans tout l'Hexagone, en près d'un millier de copies - occupant ainsi presque un cinquième des écrans français.

Le budget du film le met au rang des très grosses productions françaises : 65,2 millions d'euros de devis déclarés au Centre national de la cinématographie, cofinancés essentiellement par la société de production de Luc Besson, Europacorp, mais aussi TF1 et Canal+. Le film est déjà prévendu aux Etats-Unis et en Italie.

Bien avant la sortie d'Arthur et les Minimoys en salles, la campagne de promotion de Luc Besson a commencé en 2002, date de mise en vente du premier tome des aventures de son héros en librairie.

"Depuis cette date, plus d'un million d'exemplaires des quatre tomes des aventures d'Arthur signées par Luc Besson ont été vendus par Intervista. En 2006, Arthur est devenu le cinquième héros préféré des Français en littérature jeunesse grand format après Eragon, Narnia, Harry Potter et les Orphelins Baudelaire", indique-t-on chez Ipsos. La série a été traduite dans 34 langues. De quoi préparer le terrain dans les cours de récréation avant le raz de marée dans les salles.

Luc Besson a réussi à faire payer ses campagnes de promotion par des tiers, qui eux-mêmes en tirent profit. Europacorp a conclu deux partenariats d'envergure, l'un avec Orange, l'autre avec BNP Paribas. Pour accompagner la sortie du film, des extraits du début ont été "remontés" par Luc Besson, afin qu'il soit accessible, par morceaux, sur un téléphone portable. L'opérateur de télécommunications propose pour la première fois des "mobiséances", jusqu'au 10 décembre : 21 épisodes du film, d'environ 2 minutes chacun, et un résumé hebdomadaire. Orange y voit un moyen d'augmenter le nombre de ses (jeunes) abonnés aux options multimédias. L'opérateur, qui a acheté pour un prix non divulgué le droit d'exploitation des images du film, a multiplié les rendez-vous sur ce thème (jeux avec Atari, tous les titres du catalogue Europacorp en vidéo à la demande, discussions sur Internet avec Luc Besson...)

Souvent mécène du cinéma, BNP Paribas a noué un partenariat, étalé sur trois ans, avec Europacorp. Pour 3 millions d'euros, la banque a orchestré toute sa communication autour du personnage d'Arthur (pour égayer quelque 22 kilomètres de vitrines, signer les campagnes de publicité, créer des sites Internet, offrir des effigies des personnages aux nouveaux titulaires des comptes...). Une façon de rajeunir l'image de la banque en touchant un public plus jeune. "Contrer la Caisse d'épargne, qui propose des carnets dans les maternités", explique la direction de la communication de BNP Paribas.

Europacorp, qui se refuse à donner toute précision, notamment financière, sur sa campagne de lancement d'Arthur, décline en outre une armada de produits dérivés pour le lancement du film : très lucratifs jeux vidéo (portables et consoles de salon), albums Panini, effigies des héros en jouets...

FAUX DÉPART

Après avoir affirmé à plusieurs reprises qu'Arthur et les Minimoys serait son dernier film, Luc Besson, qui a signé neuf longs métrages, dont Le Grand Bleu et Nikita, semble avoir changé d'avis. Si l'adaptation du premier volume d'Arthur a du succès, il se lancera dans l'adaptation du tome suivant, Arthur et la ville interdite. "Nous commencerons à tourner en juin 2007 si tout se passe bien", a déclaré le cinéaste, début octobre, en marge de la Foire du livre de Francfort.

Dans le domaine de la production, les ambitions du cinéaste vont prendre une nouvelle forme : le permis de construire de sa Cité du cinéma - gigantesque complexe de neuf plateaux de tournage et d'ateliers de décors, situé dans une ancienne centrale électrique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) - a été accordé mi-novembre. "Nous espérons conclure l'achat du terrain à EDF d'ici à la fin de l'année, explique Geneviève Salinier, chargée du projet chez Europacorp, afin de pouvoir ouvrir mi-2009." Si les négociations achoppent encore avec EDF sur la prise en charge de la dépollution du terrain, les enquêtes publiques nécessaires au déplacement des lignes électriques haute tension, ou celles qui concernent les installations classées, ont été bouclées. Le projet Saint-Denis nécessite un financement de 130 millions d'euros, "sans recours à des fonds publics", précise Mme Salinier. Le site devrait accueillir de nombreuses sociétés spécialisées dans les industries techniques du cinéma (comme Eclair, Transpalux, Technovision, Buf Compagnie ou Quinta). Selon le cabinet d'architectes Reichen et Robert, le promoteur est en train d'être choisi. Vinci Immobilier semble être bien placé.

Enfin, pour compléter sa filière cinéma, Luc Besson doit bientôt devenir exploitant de salles : son projet de multiplexe à Marseille, intégré à Euro Med Center, devrait voir le jour en 2010.

Nicole Vulser
Article paru dans l'édition du 30.11.06. Le Monde

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